ACCES ADHERENTS
Accueil > ARCHIVES > NUTRITION > Troubles du Comportement Alimentaire
Troubles du Comportement Alimentaire
Anorexie, boulimie...
Les Espaces Santé Jeunes


L’anorexie mentale, c’est quoi ?
Le mot anorexie vient du grec ancien (« anorexia » qui signifie absence de désir) et correspond au départ à une simple perte d’appétit.

L’anorexie mentale, elle, est un Trouble du Comportement Alimentaire (TCA). Elle concerne très souvent les jeunes filles, commence entre 12 et 20 ans souvent par un régime pour perdre quelques kilos, et se transforme en un désir éperdu de minceur. Elle se caractérise notamment par une préoccupation importante de l’image du corps, entraînant ainsi de fortes restrictions alimentaires. En fait, lorsqu’on est anorexique, on refuse de manger en luttant contre la sensation de faim, on veut perdre du poids, même quand on est déjà maigre.

Mon corps et moi
Dans l’anorexie mentale, il ne s’agit pas d’un problème alimentaire, mais c’est le rapport au corps qui est problématique. On ne parvient plus à se voir tel que l’on est et on continue la chasse aux kilos. Même lorsqu’on atteint un poids acceptable, on continue de penser qu’on est obèse. Alors, pour éviter de prendre du poids, on peut avoir recours à des conduites sportives hyperactives et très physiques (marcher la nuit, bouger sans cesse, courir, faire de la gym etc…), se faire vomir ou prendre des laxatifs pour éliminer la moindre calorie.

Comme on refuse de s’alimenter, la croissance est retardée, ainsi que les transformations pubertaires (tels que la poitrine, les hanches) ; et des perturbations hormonales apparaissent, causant ainsi l’arrêt possible des règles (aménorrhée).

Ces trois signes : Aménorrhée, Amaigrissement (rapide et important), et Lutte contre la faim constituent ce que l’on appelle le trépied anorexique.

Qu’en est-il des garçons ?
Souvent l’anorexie mentale est associée à une population féminine (90% en effet), pourtant les garçons sont aussi concernés (10%).

C’est souvent pour échapper aux critiques de l’entourage sur un éventuel surpoids, et/ou pour améliorer des performances sportives, que le garçon se lance dans un régime. Puis progressivement la quête du corps parfait prend le dessus et l’emprisonne.

Chez le garçon anorexique, il n’y a pas d’absence de règle bien sûr, mais apparaissent toutefois une perte de la libido, des troubles de l’érection, et aussi (comme chez les filles) des retards pubertaires.

Comment on se sent dans sa tête
Quand on est anorexique, on s’investit beaucoup dans le travail scolaire, et les résultats sont en général excellents. Parallèlement, on s’isole, on se détache de ses amis, on ne sort plus avec eux, on ne s’intéresse d’ailleurs plus trop à leurs sujets de conversation.

De plus, tout ce qui est lié à la sexualité ne semble pas (ou plus) nous concerner. Et surtout l’important c’est de ne pas se nourrir pour ne pas grossir. Ça devient une obsession. En même temps il arrive qu’on soit dans le déni : c’est-à-dire que parfois, on refuse de voir qu’on est malade.

Quand on souffre de ce type de troubles, souvent on a une mauvaise estime de soi, le sentiment que beaucoup de choses nous échappent, alors s’il y a bien une chose que l’on maitrise ce sont les calories, les kilos qu’on ne va pas prendre. Maitriser son corps, c’est comme maitriser sa vie.

Souvent, les relations avec les proches (les parents notamment), sont vécues comme des relations de dépendance et de persécution. En fait, la famille devient esclave de nos exigences et les relations sont focalisées autour de la prise de nourriture.

C’est pour cette raison que parfois, malgré un suivi psychologique, une hospitalisation peut être nécessaire – en particulier si l’adolescent-e ne reprend pas de poids ou continue à en perdre. Elle peut être nécessaire notamment pour essayer de lui faire prendre conscience de la gravité des troubles, et pour rompre cette dépendance, c’est-à-dire couper des liens trop fusionnels avec la famille, et retrouver un bien-être intérieur.

L’anorexie sans maigreur, ça existe ?
Une étude en Australie a montré que certaines jeunes filles pouvaient avoir un poids normal et souffrir quand-même d’anorexie. C’est-à-dire qu’elles ont des comportements alimentaires irrationnels et sont extrêmement préoccupées par leur apparence. Elles se méfient notamment de la moindre absorption de nourriture et/ou se font vomir après avoir mangé.

Ce qui est préoccupant, c’est qu’il y aurait de plus en plus d’anorexies sans maigreur qui sont donc masquées et dont personne ne se doute. Les conséquences sont graves car dans ces cas, il y a une extrême fatigue et des répercussions sur le fonctionnement du corps comme par exemple une baisse de la fréquence cardiaque.

Si on a l’impression qu’une personne de notre entourage est dans ce cas-là, il faut alors bien faire attention à son comportement alimentaire et non se focaliser sur son apparence ou son poids.

L’anorexie mentale est une maladie dont on ne peut se sortir seul-e. C’est pourquoi il est important de se faire aider par différents professionnels de santé tels qu’un médecin, un psychologue etc… En parler au téléphone sur Fil Santé Jeunes au 0800 235 236 peut permettre d’initier un échange et de sortir de l’isolement.
 
La boulimie, qu’est-ce que c’est ?
La boulimie est un Trouble du Comportement Alimentaire (TCA). Il se traduit par la survenue incontrôlable d’une absorption très importante d’aliments bourratifs, riches en calories et facile à ingérer, souvent dans un temps limité.

La boulimie apparait généralement à l’adolescence et toucherait davantage les filles. Néanmoins les garçons seraient aussi concernés mais moins pris en charge. L’idée que c’est un problème de filles retarderait le moment de demander de l’aide par peur de ne pas être pris au sérieux. Pour autant un certain pourcentage de garçons seraient également préoccupés par leur poids et leur apparence.

Au début, on ressent une vague sensation envahissante et oppressante de faim souvent accompagnée d’angoisse et d’irritabilité. Puis, une ou plusieurs fois par jour, voire par semaine, on éprouve le besoin irrépressible de manger, sans pouvoir se contrôler ni s’arrêter. Souvent cela se fait en cachette, à l’abri des regards. Ces moments-là sont appelés « crises ».

Le corps dans tous ses états
La fin d’une crise survient souvent lorsqu’il n’y a plus rien à manger, que l’on a mal au ventre, que l’on se sent étouffé, ou lorsqu’un événement extérieur vient interrompre le moment. On ressent parfois un soulagement temporaire ou alors un profond malaise physique avec des douleurs et des tensions abdominales, des nausées, des maux de tête ou une fatigue intense.

La boulimie ne s’accompagne pas toujours comme on pourrait le penser d’une prise de poids car justement la peur d’en prendre est présente. Après les crises on peut ressentir un malaise physique et psychique, viennent alors les vomissements répétitifs et la prise de médicaments (laxatifs par exemple) pour éliminer les aliments ingérés ou encore un jeûne, une alcoolisation massive ou une activité sportive excessive. Ce qui n’est pas sans danger pour la santé car ces comportements peuvent être à l’origine de dysfonctionnements voire de maladies physiques (lésions de l’œsophage, troubles rénaux, diverses carences, problèmes dentaires etc…). Lorsqu’il n’y a pas de comportement de compensation (c’est-à-dire de vomissements ou de prise laxatifs) cela peut entraîner un surpoids voire une obésité.

La boulimie, pourquoi ?
Il est difficile de déterminer ce qui pousse à avoir recours à la boulimie car chaque personne est différente et a son histoire personnelle. Cependant cela vient révéler un mal-être profond. Tentons d’explorer quelques hypothèses.
Les crises de boulimie entraînent la plupart du temps un fort sentiment de honte, des remords, une certaine culpabilité, un mépris de soi-même, une impression d’être difforme ou d’avoir perdu le contrôle de soi.

Mais alors pourquoi s’infliger de telles souffrances ? La boulimie interroge le rapport que l’on a avec son corps, un corps qui selon l’âge se transforme et devient parfois comme étranger.

Le besoin de se remplir pourrait être une façon de reprendre pour un temps le contrôle sur ce corps changeant. Souvent c’est aussi une solution trouvée afin de remplir un vide affectif intense, de combler un besoin vital.

Quel serait ce besoin vital ? Peut-être un besoin d’attention et d’amour. Manger de grandes quantités d’aliments devient une préoccupation qui prend toute la place. Cela empêche alors de penser à ce que l’on ressent (angoisses, peurs, tristesse etc…), de passer sous silence des émotions internes difficiles à supporter. C’est parce que la bouche ne peut articuler certaines choses qu’on la remplit de nourriture. La boulimie peut aussi survenir à la suite d’évènements difficiles liés à la séparation, comme un deuil, une rupture amoureuse ou amicale, un changement professionnel ou encore un déménagement etc… Ce trouble peut-être aussi une compensation, un moyen de pallier les traumatismes et /ou les frustrations passés.

Pour pouvoir comprendre d’où proviennent ce besoin de se remplir, et cette souffrance qui l’accompagne, il est important de faire appel à un professionnel (psychologue, psychiatre par exemple). Pouvoir parler de ce qui ne va pas permet de prendre conscience de ses ressentis, de prendre un peu de distance et d’éviter ces comportements destructeurs. Pour cela, il existe des lieux gratuits destinés aux jeunes.

N’hésitez pas à appeler Fil Santé Jeunes au 0800 235 236 pour en parler et/ou obtenir une adresse.