« En ce moment, je suis trop down. Je suis déprimé. J’ai pas le moral. Ça va pas ». L’adolescence peut être vécue pour certains comme un moment à part, un moment de flottement entre le monde insouciant de l’enfance et la maturité de l’âge adulte. Une multitude de questions se bouscule dans la tête et n’obtient pas toujours de réponses : Qui suis-je ? Qui sont ces « autres » qui m’entourent ? Que vais-je devenir ? Pourquoi je suis là ? … De quoi se sentir parfois un peu angoissé, triste, négatif, perdu, seul, incompris, déprimé.
Se sentir parfois déprimé, c’est normal. On pourrait dire que cela fait presque partie de la manière dont chacun va se construire. Il est normal aussi de ne pas toujours comprendre pourquoi (même si c’est déroutant).
Il arrive en revanche que ces « moments » durent dans le temps, s’intensifient, se répètent, pour de multiples raisons. Parfois, en effet, la déprime « normale » devient beaucoup plus grave : on parle alors d’une maladie qui s’appelle la dépression.
Définition et description
La dépression est un état pathologique de tristesse intense, associé à une perte importante de l’estime de soi (on se sent nul, inutile), à des sentiments d’impuissance (on se dit qu’on n’y arrivera pas), de solitude (on se sent profondément seul). Cet état psychique s’inscrit dans le temps et a un impact important sur les capacités physiques et motrices (on se sent mou, épuisé, on a du mal à se concentrer …). Parfois, le désespoir s’accompagne d’idées suicidaires, et le risque de « passer à l’acte » est réel.
Pour les adolescents, on parle plutôt de syndrome dépressif, parce que les manifestations de la dépression adolescente sont propres et un peu différentes de celles décrites à l’âge adulte.
Symptômes et diagnostic
Le syndrome dépressif reposerait sur 4 symptômes principaux, liés à des facteurs à la fois psychologiques et biologiques :
– Le ralentissement moteur et idéique (c’est-à-dire des idées) : le corps marche au ralenti, la capacité intellectuelle et de concentration est fragilisée, l’expression verbale également, le temps semble se dérouler très lentement.
– Des signes physiques comme par exemple une perte d’appétit, des troubles du sommeil, des douleurs somatiques …
– Un sentiment profond de tristesse et de désintérêt : il n’y a plus de plaisir …
– Une auto-dévalorisation, qui entraîne un repli sur soi.
Tous ces symptômes entraînent une souffrance morale intense. Elle peut être (ou pas) associée à de l’angoisse. Le risque d’idées suicidaires et de passages à l’acte est toujours présent.
Ces symptômes « généraux » peuvent se décliner différemment selon le « type » de dépression rencontrée. Des psychiatres ont défini quelques-uns de ces « types », caractéristiques à l’adolescence : dans certaines formes par exemple prédominent le sentiment de ne pas être à la hauteur, de ne pas être aimé et la baisse de l’estime de soi, tandis que d’autres sont plutôt caractérisées par des passages à l’acte contre soi-même ou contre les autres (consommation de drogue ou de nourriture excessive, comportements violents, relations sexuelles anarchiques …). Dans certains cas, la dépression peut aussi être un mode d’entrée dans la schizophrénie, ou s’inscrire dans l’installation de troubles bipolaires (ou troubles de l’humeur).
Traitements et orientations
Lorsqu’on va mal, il paraît souvent insurmontable de demander de l’aide, d’aller consulter. Pourtant, il est essentiel d’être aidé, écouté, pris en charge par un psychiatre qui établira le diagnostic et proposera des solutions diverses pour aller mieux. Les traitements qu’il envisagera dépendront de la dépression, de son degré de gravité, du moment où les symptômes sont apparus, de l’histoire de chacun, etc … Les résultats également. Lorsqu’on est adolescent, l’environnement, familial entre autre, est essentiel et fera partie également de la prise en charge.
Ainsi, le médecin pourra prescrire un traitement médicamenteux (antidépresseur et anxiolytique) qui agit sur le ralentissement psychomoteur, la tristesse et l’anxiété. Il pourra également conseiller une psychothérapie (entretiens cliniques, psychodrame, psychanalyse) qui, grâce à l’écoute et au travail sur soi, permettra à plus ou moins long terme de comprendre et de « rebondir » sur les origines de la maladie. Le médecin pourra enfin proposer d’agir concrètement sur l’environnement de son patient adolescent, pour éviter les facteurs de stress ou de mal être (changements de lycée, orientation vers une nouvelle institution de soins, hospitalisation …) et ainsi favoriser son mieux être.